La fuie du Bois-Roux
Joseph Rousse
Par un jour pluvieux, j’errais sur des rivages
Où le vent m’apportait le parfum des œillets.
Tout à coup l’arc-en-ciel parut dans les nuages
Éclairant l’horizon de ses brillants reflets.
Il semblait couronner une tour solitaire
Dominant la presqu’île aride et sans coteaux,
Vieux colombier aux murs envahis par le lierre,
Qui sert pour diriger les marins sur les eaux.
À sa porte jadis étaient des armoiries,
Mais en vain l’antiquaire en cherche les couleurs.
Le peuple les brisa comme les seigneuries ;
Les murs épais ont seuls défié ses fureurs.
De hardis passereaux nichent dans les cellules.
Les pigeons sont partis et ne reviendront plus.
Les ravenelles d’or, les blanches campanules
Ont poussé sur le toit, dans les gazons touffus.
J’aime voir cette fuie au sommet du village,
Près d’un sombre bouquet de sapins murmurants,
Comme un phare au milieu de l’Océan sauvage,
Faisant signe aux vaisseaux d’éviter les brisants.
Ruine abandonnée, elle est utile encore,
Pareille aux grands vieillards savants et glorieux,
Dont l’esprit s’est éteint, que pourtant on honore,
Car l’éclat du Passé s’étend toujours sur eux.
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