Los
Édouard Michaud
C'est fête au cher pays, trop longtemps méconnu
Et qui doutait, il semble, ou s'ignorait lui-même,
Et sous le pur soleil, éclatant d'azur nu,
On fait mieux qu'exalter sa splendeur verte, on l'aime.
Il est si doux. le cher pays, soit que l'étang,
Parmi les glaïeuls plats, tremble à l'air ou miroite ;
Ou qu'alerte et fuyant sa coupe trop étroite,
La source fraîche s'offre au ruisseau qui se tend.
Il est si doux quand l'avril passe et que les branches,
S'enivrant aux pommiers de son allègre appel,
Pour rendre encor plus bleu le bleu divin du ciel,
S'enveloppent du givre odorant des fleurs blanches.
Il est si doux dans ses pacages et ses bois,
Ses chemins creux où rit l'éclair bref des fontaines,
Dans l'outremer léger de ses crêtes lointaines
Et l'émail de ses fleurs où se poissent nos doigts.
Il est si fort, le cher pays, dans le tronc vaste,
Près duquel n'atteint pas l'orgueil d'or des midis,
Des châtaigniers géants, puissamment arrondis
Sur la mer des blés noirs qui les bat d'un flux chaste.
Il est si plein d'une âme triste, il est si plein
D'une âme nostalgique et qui vaut qu'on l'atteigne,
Avec ses rocs d'exil où la bruyère saigne
Et sa lande indigente où tout semble orphelin.
Doux, fort, méditatif, l'admirable équilibre !
Et se peut-il rêver sol plus humain au cœur
Que celui qui jamais oppressant et vainqueur,
Chante ou pleure avec moi, lui discret et moi libre ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire