Moisson
Charles Argentin
Sous un large soleil de cuivre rutilant
Qui, du zénith en feu choît d’aplomb sur les plaines,
Les moissonneurs, humant la flamme, hors d’haleines,
Impriment à leurs faulx un rythme étincelant.
Partout, les blés rompus jonchent le sol brûlant,
Et sur les chariots où l’on rit à voix pleines,
Les épis mûrs, ployant sous la lourdeur des graines
S’écroulent, enlevés d’un sûr et brusque élan.
Tout à coup, des clameurs ! La campagne est en branle.
Un fouet claque, un char crie et pesamment s’ébranle
Sous le quadruple effort de ses lourds percherons ;
Et, vers l’agreste toit de chaume de la ferme,
Parmi les tourbillons du chanvre et les jurons
Le rustique attelage avance d’un pas ferme…