Les bœufs au labour
Charles Argentin
Hiop ! hue ! Avec lenteur ils parcourent le champ.
Appuyé des deux poings aux mancherons, le torse
Au vent, le laboureur hâte leur marche, et force
Ses bêtes, car déjà le ciel flambe au couchant.
Et la brise éparpille un peu l’agreste chant,
Hue ! hiop ! Et le soc rompt du sol la dure écorce,
Et le groupe pensif ahane, et plein de force,
Couche les blocs épais qu’il enlève en marchant.
Et parmi l’automnal et triste crépuscule,
Tandis qu’à l’occident vermeil l’Astre recule,
L’équipage poursuit son auguste travail ;
Car grisé par l’odeur de la terre qu’il hume,
L’homme, sur la charrue inclinant son poitrail,
Va, sans ouïr l’appel de son chaume qui fume.