Affichage des articles dont le libellé est Charles Argentin. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Charles Argentin. Afficher tous les articles

samedi 7 juin 2025

Charles Argentin • Les bœufs au labour | Les rendez-vous du vers






Les bœufs au labour




Charles Argentin





Hiop  !  hue  !  Avec  lenteur  ils  parcourent  le  champ. 
Appuyé  des  deux  poings  aux  mancherons,  le  torse 
Au  vent,  le  laboureur  hâte  leur  marche,  et  force 
Ses  bêtes,  car  déjà  le  ciel  flambe  au  couchant.

Et  la  brise  éparpille  un  peu  l’agreste  chant, 
Hue  !  hiop  !  Et  le  soc  rompt  du  sol  la  dure  écorce, 
Et  le  groupe  pensif  ahane,  et  plein  de  force, 
Couche  les  blocs  épais  qu’il  enlève  en  marchant.

Et  parmi  l’automnal  et  triste  crépuscule, 
Tandis  qu’à  l’occident  vermeil  l’Astre  recule, 
L’équipage  poursuit  son  auguste  travail ;

Car  grisé  par  l’odeur  de  la  terre  qu’il  hume, 
L’homme,  sur  la  charrue  inclinant  son  poitrail, 
Va,  sans  ouïr  l’appel  de  son  chaume  qui  fume.

mardi 6 mai 2025

Charles Argentin • Retour des champs | Les rendez-vous du vers






Retour des champs




Charles Argentin





Roulant à l’horizon sans bornes, le soleil
Qui, sans trêve, poursuit sa gigantesque ronde,
Parmi des flamboiements de pourpre et d’or, en l’onde
Enfonce avec lenteur son grand orbe vermeil.

Le ciel crépusculaire, à quelque nef pareil
Allume ses flambeaux qui brillent à la ronde,
Et la lune s’accuse, énorme lampe ronde,
Qui doit du temple obscur éclairer le sommeil.

Voici l’heure sereine où, par les hautes herbes
Quittant les champs, en chœur, les glaneuses superbes
Vont, sous le chaume heureux, savourer le repos.

Et les rires joyeux qui tintent sur leurs lèvres
Se mêlent, dans le soir, au bêlement des chèvres
Que rentrent les bergers au sein de leurs troupeaux.

samedi 16 mars 2024

Charles Argentin • Moisson | Les rendez-vous du vers






Moisson



Charles Argentin




Sous un large soleil de cuivre rutilant
Qui, du zénith en feu choît d’aplomb sur les plaines,
Les moissonneurs, humant la flamme, hors d’haleines,
Impriment à leurs faulx un rythme étincelant.

Partout, les blés rompus jonchent le sol brûlant,
Et sur les chariots où l’on rit à voix pleines,
Les épis mûrs, ployant sous la lourdeur des graines
S’écroulent, enlevés d’un sûr et brusque élan.

Tout à coup, des clameurs ! La campagne est en branle.
Un fouet claque, un char crie et pesamment s’ébranle
Sous le quadruple effort de ses lourds percherons ;

Et, vers l’agreste toit de chaume de la ferme,
Parmi les tourbillons du chanvre et les jurons
Le rustique attelage avance d’un pas ferme…