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Adrianus Feydel
Sous le dôme des frênes,
Ta cheminée à mitre élève sans répit
Un panache de gaze bleu qui réjouit
L’amitié qu’on te doit, berceau d’aïeuls, ô reine !…
Parce que la fumée, haleine douce et lente,
Qui monte librement de ton candide toit,
Dit qu’au rythme ancien il palpite chez toi,
Encore, le foyer, cœur des maisons vivantes,
Et que je vais te retrouver comme naguère,
Avec les vieux qui vont en s’appuyant aux murs
Et qui, tels une branche lourde de fruits mûrs,
Un peu plus chaque jour se penchent vers la terre,
Avec ton beau jardin derrière le pignon,
Ton jardin propre, gai, témoin de vie heureuse
Qui, l’automne venue, en retard et frileuse,
Cogne les pommes d’arrosoir de ses oignons,
Et la mare inchangée à l’angle du chemin
Reflétant biscornue et noire dans son huile
La coiffe neuve et vermillon de belles tuiles
Que l’odorante étable montre aux prés voisins,
Avec tous les échos, gardant ma voix d’enfant,
Avec l’essaim enfin des souvenirs fidèles
Qui mènent devant moi comme un lointain bruit d’ailes
Quand je saute à cheval la lourde claie des champs.
Au soleil du temps clair tes murs sont recrépis
À neuf, bonne maison sereine et cordiale.
Ô maison de chez nous, humble maison natale,
C’est ton honnête face humaine qui sourit…