Ce qu'on voit dans le purin
Charles Boulen
Le magique purin, plus noir que le café,
Suintant des gras fumiers, à son gré, se tortille,
Et de ses odeurs alcalines émoustille
Le nez plat des canards que leur instinct a fait
Y sabrer le moustique, épique autodafé.
Sous de chauds soleils fous dont les pinceaux décorent
La bourbe du cloaque où tantôt bourdonnait
Princesse libellule au chatoyant bonnet,
Les miasmes du fond lentement s'édulcorent,
Cependant qu'alentour des coqs ardents pécorent.
Mufle rose, mufle frais, les blonds ruminants,
Secouent la large oreille aux longs poils noirs de mouches
À qui leur queue envoie un brelan de talmouches
Et ne trouvent pas mieux que d'entrer fulminants
Dans le purin fétide aux relents lancinants…