jeudi 21 août 2025

Paul Barbier • La moisson est faite | Les rendez-vous du vers






La batteuse




Paul Barbier





Les guérets sont à nu. Les blés aux fétus d’or,
L’orge aux cils ondoyants, l’avoine aux longues franges,
Tout, depuis quelques jours, est rentré dans les granges ;
Seule, la fleur d’argent des blés-noirs reste encor.

Peut-être aperçoit-on, dans les campagnes vides,
Portant de hauts bouquets sur leur faîte penchants, 
Quelques chars paresseux qui reviennent des champs, 
Si chargés qu’on dirait de vastes pyramides ;

Mais ce sont les derniers. Les glaneuses s’en vont, 
En chœur, par les sentiers bordés de folles herbes,
Ramasser, çà et là, l’épi tombé des gerbes :
On les voit se baisser, puis relever le front.

Et la paix, large, étend ses ailes dans l’air pur
Troublé par le seul bruit des actives batteuses,
Cependant que l’œil voit sur les fermes heureuses
Des vols de pigeons blancs s’égrener dans l’azur.

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