Vieux Noëls
Auguste Gaud
Hier, quand je vous vis passer l’onglée aux doigts,
Trottant, frileusement, sous votre mante grise ;
Je me suis souvenu des noëls d’autrefois,
Alors que, comme vous, je marchais vers l’église.
Lorsque sonnait minuit ; quand la neige, à flocons,
Tombait ; sur le verglas, j’allais, comme un homme ivre,
Tout le long du chemin, aux angles des balcons,
Je voyais scintiller des étoiles de givre.
Les cloches égrenaient leur joyeux carillon,
Et, plus d’un franc-buveur, chantait dans les auberges ;
Dans l’église, chacun songeait au réveillon,
Tandis que sur le maître autel, brûlaient les cierges.
La petite clochette au babil argentin,
Murmurait : « Hâtons-nous, la dinde est bientôt cuite. »
Et notre vieux curé bredouillait son latin,
Puis, se tournait vers nous, disant. « La messe est dite. »
Et, tout en revenant nous songions à Jésus,
Sans oublier le bœuf et l’âne dans l’étable.
Un superbe chapon qui baignait dans son jus,
Nous attendait, chez nous, au centre de la table.
Or, maintenant, je suis et podagre et ventru ;
Et, tout en évoquant ces antiques usages,
Ce soir, au coin du feu, je bois du vin du crû,
Et dans mon verre luit l’étoile des rois mages.
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