Labour
Emmanuel Vitte
À peine l'aube grise ajourait l'horizon,
Débrouillant par degrés les coteaux et la plaine,
À l'heure où le fermier a quitté sa maison,
Avec ses bœufs trapus à la fumante haleine.
Comme un sceptre, il a pris en main son aiguillon,
Après avoir lié le joug en bois de frêne
Aux fronts des ouvriers superbes du sillon :
Les voici sur la glèbe où la brume se traîne.
Fier de voir se courber ses bœufs à son appel,
L'homme enfonce le soc dans le sol qu'il déchire,
Telle une chair vivante où plonge le scalpel :
Il sait que pour porter la moisson qu'on admire,
Bien avant que l'épi ne frissonne au grand jour,
La terre doit saigner sous le fer du labour.
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