Semailles
Léonce Depont
Surgissant aux clartés douteuses dont s'émaille
Le ciel, strié vers l'Est de pourpre et de carmin,
L'homme et l'enfant, pliés au labeur surhumain,
Préparent l'humble champ pour l'auguste semaille.
Pour vivre, il faut qu'armé du soc, l'homme bataille :
Tant d'éléments dressés lui barrent le chemin.
Mais le mâle courage et la robuste main
Font la terre docile et profonde l'entaille.
L'enfant, qui sans relâche excite les taureaux,
Et brandit l'aiguillon comme un jeune héros,
Suit l'attelage dans un sillon parallèle ;
Et dans l'âcre vapeur qu'exhale le guéret,
Un oiseau, qui module encor son chant discret,
À l'approche des bœufs, monte et se trempe l'aile.