Poules
Jules Mayor
Poule, ma bonne campagnarde
Qui détestes notre cité,
Petits poulets, grasses poulardes
Picorant au soleil d’été,
Poule grise au pesant derrière,
Un gloussement est votre chant,
En vos habits de roturière,
Vous êtes bien filles des champs !
Humbles glaneuses de la glèbe,
Grains comme vers sont un régal.
Ainsi le pauvre, ainsi la plèbe
D’un rien font un repas frugal.
Et pourtant, poules symboliques,
Il fut un temps moins lourd d’impôts
Où tout un peuple bucolique
Rêvait de vous mettre en son pot !
Présagez-vous, bêtes dociles,
Ce triste sort sans quelque effroi,
En suivant la queue en faucille
De votre coq époux et roi ?
Vous grattez pour votre famille,
Ouvrières de nos fermiers,
Le sol où l’insecte fourmille...
Redressez-vous sur vos fumiers !
Grande est votre vertu dernière !
Pour ce bon plat qui n’est pas neuf
— O première des cuisinières ! —
Qui, mieux que vous, sait faire un œuf ?